Le Grand Prix ISEM 2022 a été attribué à Felippe Fittipaldi.

Ce photographe et vidéaste brésilien explore les questions sociales, culturelles et environnementales. Depuis 2014, il se rend chaque année à Atafona, une petite ville située dans le delta du fleuve Paraíba do Sul, au Brésil, où il documente l’accélération des effets du changement climatique causé par l’exploitation humaine.

Felippe Fittipaldi recevra une aide de 8 000 euros pour poursuivre son projet dont les premières images seront publiées prochainement en portfolio sur Mediapart. Il sera également exposé en 2023 à ImageSingulières à Sète.

Le jury a aussi retenu le travail de quatre autres photographes, finalistes de ce Grand Prix :
- Borderlands, un voyage américain de Francesco Anselmi ;
- The Final Days of Georgian Nomads de Natela Grigalashvili ;
- Civilians under Arms - Hundred Portraits de Emeric Lhuisset ;
- et Platzkart de Maria Plotnikova.

Partout dans le monde, le littoral a toujours été en constante transformation. La différence à l'époque contemporaine est la vitesse à laquelle cela se produit. Dans certains endroits, des processus d'érosion qui prenaient des centaines d'années peuvent maintenant être observés en une seule génération. La plupart des transformations rapides que nous observons aujourd'hui sont liées au changement climatique causé par l'exploitation humaine.

Atafona, une petite ville située dans le delta du fleuve Paraíba do Sul, est l'un de ces endroits où le temps semble s'accélérer. Avec un environnement en constante évolution, la ville dévoile l'action du temps dans la société contemporaine et la crise entre l'homme et la nature. Au cours des dernières décennies, le niveau de la mer s'est élevé et a submergé la petite ville, provoquant des centaines de migrants environnementaux. Ses dunes dissimulent environ 400 bâtiments, dont des espaces publics, des immeubles résidentiels, un hôtel, une station-service et une église. Un ensemble de facteurs, dont l'élévation du niveau de la mer et les interventions humaines désastreuses le long du fleuve, ont fait d'Atafona le cas le plus significatif d'érosion côtière au Brésil. Le fleuve alimente les plus grandes villes du Brésil (environ 14 millions de personnes, dont moi-même) et le déficit hydrique de l'estuaire causé par l'exploitation humaine est le principal facteur d'érosion, car le faible débit d'eau n'est plus en mesure d'assurer l'équilibre avec l'océan, de reconstituer les sédiments et de contrer l'invasion de la mer.

Eustasy est un projet en cours, qui se concentre sur la documentation de la relation complexe entre une communauté et son environnement, à la fois intime et impitoyable, défini par la dépendance, la mélancolie et des acteurs qui acceptent ce qui est passé ou attendent le prochain déluge. C'est aussi une exploration visuelle du temps qui passe, de la disparition et de l'acceptation du caractère éphémère de l'existence, car nombre de ces photographies sont des documents visuels d'un paysage qui n'existe plus, confirmant ainsi les transformations rapides et inquiétantes de la société contemporaine.

Je visite et documente Atafona tous les ans depuis 2014. Avec le soutien du Prix Grand Prix ISEM, j'ai l'intention de poursuivre mon travail à Atafona, dont le paysage se transforme rapidement et constamment. Ce Prix me permettra d’approfondir mes recherches et de passer du temps sur le terrain. L'objectif principal est de produire une matière cohérente pour parler de questions importantes telles que le changement climatique, les réfugiés environnementaux, l'exploitation et la conservation des ressources naturelles, en contribuant à la compréhension du monde dans lequel nous vivons, en mettant l'accent sur la relation complexe entre les humains et la nature et ses conséquences.

BIOGRAPHIE

Diplômé dans le domaine de l’image et de la communication, Felipe Fittipaldi est un artiste brésilien qui explore les questions sociales, culturelles et environnementales. Son travail a été publié et exposé dans des galeries, des institutions et des festivals en Europe, en Amérique du Nord, en Amérique du Sud et en Asie. Felipe Fittipaldi a également été récompensé dans le cadre de Lens Culture Emerging Talents, POY Latam Award, Le Prix de la Photographie, National Geographic Photo Contest, Magnum Caravan Scholarship, Addis Foto Fest, Wellcome Photography Prize.

En 2018, il a été sélectionné par la Fondation World Press Photo pour le programme 6x6 Global Talent. En 2019, il obtient une bourse de la National Geographic Society Explorer. En 2020, son travail a été sélectionné pour faire partie de la collection de la Bibliothèque nationale de France (BnF) et il reçoit le Grand Prix ISEM de la photographie documentaire en 2022